Le village de Lonlay se niche dans le département de l’Orne, près de Flers, de Domfront, de Tinchebray et de Mortain. C’est une dénivellation du terrain, traversée par l’Egrenne et par la Halouze, encadrée de plateaux relativement élevés. Ainsi le village s’est bâti dans un lieu paisible, favorable à la méditation particulièrement verdoyant autour de son clocher avant qu’au XIe siècle ne s’élève dans ses murs qui allait devenir l’Abbaye Notre-Dame de Lonlay. Elle dépend directement de l’autorité du Roi. Vingt-six abbés réguliers s’occupent de l’abbaye.
Elle est classée Monument Historique.
Le premier abbé de l’abbaye est un moine de l’abbaye de Fleury, Guillaume premier de Bellême qui construit l’abbaye, puis Hugues qui signe en 1066 la Charte Fondation de l’abbaye aux Dames de Caen. Vers 1050, l’abbaye de Lonlay devient normande et le duc Guillaume-le-Conquérant fait élire un abbé normand, Renouf en 1078 et son successeur Lanfroy, au début du XIIe siècle. Nicolas II voit le monastère occupé et brûlé par les Anglais. Les moines se soumettent et obtiennent confirmation de leurs propriétés, des cures et dîmes des paroisses dont les curés sont restés fidèle à leur prince.
Les parties les plus anciennes de l’église abbatiale de Lonlay traduisent bien les caractères de l’architecture romane du XIe siècle. Cependant, l’église abbatiale à la forme d’un T renversé contrairement à la croix latine habituelle.
Aujourd’hui, il ne reste que les bras de l’ancien transept avec la base de la Tour qui la couronne. Il n’y a pas de nef. L’abbaye était essentiellement utilisée par les moines, peu par les fidèles. De nos jours, quand vous entrez dans l’église, le style gothique vous envahit. A dater du XVe siècle, de multiples incendies provoqués par le déroulement de la guerre de 100 ans, puis par les harcèlement des Huguenots jusqu’au XVIe siècle modifient peu à peu l’allure générale de l’abbatiale.
L’enceinte abbatiale de Lonlay de nos jours reconnue comme église paroissiale depuis 1806 constitue un ensemble rassemblant 4 époques et quatre styles différents : ceux du XIe siècle, du XIIe siècle, du XIIIe siècle ainsi que la disparition des congrégations religieuses.
L’abbaye de Lonlay subit la règle. La municipalité est contrainte de dresser un relevé systématique de tous les objets mobiliers qui parent à la fois le monastère et l’église. Ce fait fut mené rapidement, l’abbaye, avec le temps ne détenant pas ou plus d’objets de valeur. Dès 1791, tout le bâti, à l’exception du logis et du jardin furent adjugés à des particuliers.
L’église abbatiale revint à la commune et, pour en finir avec sa première distinction, elle fut mise à disposition de la population. Selon Jacques PRUVOT, historien local “Ce fut le début d’une période qui durera une quinzaine d’années pendant lesquelles personne ne se souciera des détériorations en cours, notamment en ce qui concerne les toitures. On évoque même la disparition de l’édifice au profit de l’église paroissiale de Saint-Sauveur. Fort heureusement, des voix s’élevèrent pour souligner que la dite église ne correspondait pas aux attentes de la population parce que trop petite pour recevoir les habitants. C’est donc l’église paroissiale qui fut choisie et fit les frais d’être vendue puis vidée.”
L’administration municipale, à partir du XIXe siècle, s’engage définitivement et fermement à prendre soin de ce qui prenait le chemin d’un champ de ruines. Une première tranche de 6 000 francs fut votée par la commune pour tenter de sauver les toitures. Parallèlement, M.Danvoy, architecte du gouvernement, met au point un plan de sauvegarde et de restauration pour la somme de 400 francs. C’est à M. Levène, agent voyer d’arrondissement de Domfront et plus tard agent voyer chef que revient la charge de diriger les travaux.
L’abbaye, qui semble renaître obtient en 1826, sous l’égide du sous-préfet de Domfront, une aide de 2 000 francs, à répartir entre 1 000 pour l’année 1847. A partir de 1849, l’administration suit méthodiquement les travaux d’appropriation et de restauration à cette église classée. Dans le même mouvement, M. Lefaverais, conseiller général et député de l’Orne, obtient une aide de 8 000 francs auprès du ministère des cultes. De son côté, M. l’abbé Degrenne, chanoine honoraire, curé de Lonlay, sollicite des dons au près des particuliers.
Ainsi, en 1840, monsieur Pierre-François de la Sicotère, célèbre homme politique, historien, avocat bâtonnier, député de l’Orne, visita l’abbaye, il eut la surprise de découvrir, bien que les travaux fussent avancés, que l’église n’était finalement éclairée que par de grandes fenêtres blanches.
Il entreprit des démarches auprès de M. abbé Degrenne pour l’aider à réclamer et à obtenir la décoration des 3 chapelles de verrières de couleur. Cette initiative entraina Monsieur l’abbé Aubry à imposer des vitraux dans l’office. Les hautes nefs du chœur ont été aussi revues et corrigées. L’église aujourd’hui s’enorguillit d’un remarquable chemin de croix comprenant des figurines en relief. Finalement l’abbaye de Lonlay, qui n’a jamais cessé d’exister, reste un lieu saint pour les Bénédictins qui la côtoient.
Le nom de la localité est attesté sous les formes Longilesdum en 1020 et Lunleio en 1066. La charte de fondation de l’abbaye qui date de 1057 fut confirmée vers la fin du règne d’Henri II, roi d’Angleterre et Duc de Normandie. Henri II laissait les possessions, Lonlay-village, l’église Saint-Sauveur de Lonlay, les dîmes et revenus de château et baillage de Domfront.
La mairie est aujourd’hui installée dans une partie de l’ancienne abbaye.
D’après un article dans le journal “le Publicateur Libre” du 07 mars 2024 rédigé par l’historien local, Jacques PRUVOT.